Les biens et les services écosystémiques (BSE) sont des bénéfices offerts gratuitement à la société à travers les diverses fonctions qu’ont les écosystèmes. Le concept de BSE est récent et commence à peine à être utilisé par les experts en environnement… Mais, Ruisseau Jackson est toujours à l’avant-garde! Dès 2015 nous réfléchissions à la situation dans notre zone d’intérêt.
Un « bien écosystémique » pourrait s’apparenter à une ressource naturelle comme le bois, un minerai ou une plante. Nous sommes habitués à y attacher une valeur monétaire. Un « service écosystémique » concernerait par exemple la qualité de l’air, la beauté des paysages, la pollinisation, la régulation du climat ou encore la régulation et la filtration de l’eau. Là, c’est plus difficile d’y apposer un chiffre, car aucune bourse du monde ne négocie de tels services. Toutefois, ces bénéfices, les BSE, représentent une valeur quantifiable en dollars. Ceci permet à plusieurs de mieux comprendre la valeur inestimable d’un milieu naturel.
Pour en savoir plus sur ce concept : ministère de l’Environnement du Québec.
6,5 millions de dollars… par année ! Money talks…
En considérant la superficie totale des milieux humides et forestiers dans RJANP, la valeur économique totale des services de purification de l’eau fournis par mère Nature est évaluée à 6,5 millions de dollars par année. Pensons ici au rôle spécifique que jouent les milieux humides, les cours d’eau, les plans d’eau et les forêts dans la protection de la qualité de l’eau. À eux seuls, les services rendus par les milieux humides pourraient être évalués à environ 1,7 million de dollars par année.
Rapport à lire pour les économistes en herbe
Ruisseau Jackson aire naturelle protégée (RJANP) produisait en 2015 un rapport sur les services écosystémiques que fournissent les milieux naturels du territoire à l’ensemble de la communauté.
Dans le cas du ruisseau Jackson et de son bassin versant, c’est sur le rôle du milieu naturel dans la régulation et le maintien de la qualité de l’eau que nous nous sommes penchés. L’objectif de notre évaluation était d’estimer la valeur monétaire attribuée aux services suivants :
- régulation de l’eau (contrôle du débit)
- traitement des déchets
- contrôle de l’érosion
- rétention des sédiments
- équilibrage du cycle des nutriments
Étude de cas : lac Écho
Le cas du Lac Écho a été utilisé pour illustrer ces bénéfices en considérant que ce lac de villégiature soit non seulement le principal plan d’eau de la zone, mais que celui-ci soit situé en aval du territoire couvert par RJANP.
Au lac Écho, le temps de renouvèlement est de 0,05 année. Le volume total du lac est donc remplacé en moyenne au courant d’une période 18 jours. Ceci signifie que la qualité de l’eau de ce lac est très dépendante de la qualité de l’eau de ses tributaires. Les services de régulation de l’eau du bassin versant sont donc d’autant plus importants afin de maintenir une recharge constante d’eau de qualité.
Milieux humides et services de filtration
Les zones humides du territoire comptent parmi les milieux les plus importants en matière de maintien de la qualité de l’eau. Bien que notre rapport se soit penché sur plusieurs autres milieux retrouvées sur le territoire, celui-ci est particulièrement illustratif.
Voici des extraits associés du rapport :
« Les services de filtration de l’eau par les milieux humides du bassin versant du ruisseau Jackson sont vitaux pour la protection de la qualité (de l’eau). Une source de contamination ponctuelle pourrait survenir à plusieurs endroits sur le territoire (…). Il pourrait s’agir par exemple d’eaux usées provenant d’une installation septique désuète, d’un apport en sédiment provenant d’un fossé ou même d’un apport en sédiments provenant d’une sablière ou d’une carrière. Ces réalités surviennent régulièrement, même à l’intérieur du bassin versant du ruisseau Jackson qui est situé dans une zone (…) peu populeuse (…). Or, les milieux humides du bassin versant peuvent réduire l’ampleur de ces contaminations de par leurs capacités à filtrer, accumuler et absorber ces polluants. Ceci a pour effet d’éviter des investissements importants. »
Aide à la prise de décision
L’organisation, les municipalités, les promoteurs et les propriétaires pourraient facilement tenir compte de la valeur des services rendus par la nature dans le développement d’orientations stratégiques qui concernent la planification et l’aménagement du territoire.
Déjà en 2014, suite à une visite aux abords du ruisseau Jackson, Peter Bridgewater, secrétaire général sortant de la Convention de Ramsar relative aux zones humides expliquait aux citoyens que : « la zone entourant le ruisseau fournit des services écosystémiques aux riverains comme à toute la collectivité entourant son bassin versant. Un de ces services, peut-être le plus évident, est celui de protéger, de purifier et de produire une eau de grande qualité. »