Paysages laurentiens
Que ce soit en découvrant la région en randonnant ou en skiant en empruntant l’un des sentiers entretenus par les municipalités du secteur ou que ce soit en avironnant en kayak ou en canot, ce qui marque d’abord sur le ruisseau Jackson c’est sa majestueuse beauté. Les enfants de la région s’y sont tous imaginés, un jour ou l’autre, en explorateur, en coureur des bois ou en trappeur. D’autres ont joué à Jack Rabbit Johannsen, l’un des grands promoteurs du ski de fond en Amérique du Nord et qui aurait déjà fréquenté le coin avec planches et bâtons. Tous se sont assis sur les rives du ruisseau, quelle que soit la saison pour y admirer, à quelques pas des centres de villégiatures et des ensembles résidentiels, un des derniers bastions des paysages des Basses-Laurentides.
Aujourd’hui, ce qui marque le visiteur et les propriétaires riverains, c’est justement que la zone d’intérêt est ceinturée, surtout au nord et à l’est, des signes de plus en plus visibles de la présence humaine. Voilà qui accentue d’autant plus l’impression, quand on s’y trouve, d’être dans un vrai petit coin de paradis. Le bassin versant est sur les territoires traditionnels des Algonquins et des Anichinabés (Anishinabewaki (ᐊᓂᔑᓈᐯᐗᑭ)).
Services gratuits des écosystèmes
Ruisseau Jackson : aire naturelle protégée a reçu l’appui du Dr Peter Bridgewater, secrétaire général sortant de la Convention de Ramsar relative aux zones humides d’importance internationale et secrétaire sortant du Programme de l’UNESCO pour l’homme et la biosphère. Pour Peter Bridgewater qui a visité la région en canot et à pied en 2007. Pour cet expert et amoureux de la nature, « ce secteur est une véritable frontière entre le développement humain et une zone naturelle riche en biodiversité. Marais, lacs, ruisseaux et marécages forment une mosaïque entrelacée de forêts de conifères et d’érables. Le paysage à l’état sauvage qui se présente à nos yeux est tout simplement magnifique. De plus, la zone entourant le ruisseau fournit des services écosystémiques aux riverains comme à toute la collectivité entourant son bassin versant. Un de ces services, peut-être le plus évident, est celui de protéger, de purifier et de produire une eau de grande qualité. »
À la porte du grand Montréal – la Petite Suisse
Le sud des Laurentides est moins élevé en altitude que ce que l’on désigne normalement de « Hautes Laurentides ». La région dans laquelle nous nous trouvons est donc à la sortie du grand Montréal et à l’entrée de ce que nous ancêtres appelaient la Petite Suisse. C’est dans cette région des Laurentides que l’on compte la majeure partie de la population. Les développements domiciliaires que l’on observe partout autour du ruisseau sont un signe manifeste qu’il s’agit d’une région en voie de développement prononcé.
Aujourd’hui, l’occupation humaine couvre presque 2 % de la superficie du bassin versant. Les lacs et cours d’eau couvrent près de 3 % et la forêt, environ 85 %. La zone d’intérêt du bassin versant regroupe quelques secteurs résidentiels de villégiature tels que celui du lac Écho, le secteur ouest du chemin de Christieville et les chemins Salzbourg à Morin-Heights, du secteur ouest du chemin Tamaracouta à Mille-Isles ainsi que du secteur de la Montée Hamilton et du secteur sud de la montée Saint-Gabriel à Saint-Sauveur.
Patrimoine paysager
Petite Suisse! C’est une belle exagération datant des années 1900 et 1940 alors que de plus en plus de citadins commençaient à « monter dans les pays d’en haut ». Il fallait bien vendre les pistes de ski! Le P’tit Train du Nord donnait un accès facile à cette grande étendue de paysages qui a toujours plu aux Montréalais. Cent ans plus tard, l’idée est de maintenir les paysages traditionnels laurentiens liés à notre histoire et à notre identité. Ruisseau Jackson : aire naturelle protégée s’intéresse donc aussi au patrimoine paysager.
Mis à part la règlementation, il existe un mouvement de protection du paysage sur lequel nous pourrons compter pour nous assurer que l’esprit des Laurentides perdure. La Conférence régionale des élus des Laurentides travaille sur un projet de protection et de mise en valeur du paysage depuis 2009. Les initiatives privées sont aussi de plus en plus nombreuses. C’est le cas d’un petit groupe de voisins qui habitent en bordure du lac Écho à Morin-Heights. Ils ont décidé de faire don à la ville de terrains en flanc de montagne. On parle d’une superficie totale de quelque 32 acres. Ces résidents se sont assurés que le terrain sera à jamais interdit à la construction et ils bénéficient ainsi d’une plus grande tranquillité. Étonnamment, sauf quand ils sont en bateau sur ce lac, ce n’est pas ces voisins qui profiteront le plus de la vue. Ils font en effet un immense cadeau à tous les résidents des alentours dont la valeur des propriétés augmente considérablement sans qu’ils aient eu à débourser une seule cenne noire!
Une très ancienne formation géologique
Les Laurentides ont toutefois été aussi hautes que les Rocheuses. Elles ont peut-être même déjà rivalisé avec les 6 000 mètres de l’Himalaya! Autour du ruisseau, le paysage se couche sur l’une des plus anciennes formations géologiques du monde. Le ruisseau a probablement été façonné lors de la dernière glaciation il y a quelque 10,000 ans. Les masses de glaces en déplacement ont creusé le sol et redessiné la topographie de tout le secteur. En parcourant le ruisseau, on remarque d’immenses blocs morainiques, les débris rocheux laissés par un glacier.
Un milieu riche de vie et précieux… pour la vie
Les terres humides et les terrains boisés du bassin hydrographique agissent tel un filtre naturel. Ils maintiennent la qualité de l’eau dans le ruisseau et, par conséquent, celle des lacs et des affluents qu’il alimente dans l’ensemble de la région.